Focus sur une Alysma est la rubrique qui permet d’avoir des nouvelles du Lycée Sainte Marie de Cocody après leur passage au lycée. En partageant les parcours, c’est l’occasion de s’inspirer les unes des autres.
Le parcours du jour est riche en enseignement. C’est celui de Particia Djé, promotion 1994.
Économiste à la BCEAO depuis mai 2004, Patricia reconnaît, de son propre aveu, que son parcours post baccalauréat n’est pas des plus typiques.
« Contrairement à ce que tout le monde, moi y compris, imaginait, je n’ai pas fait un Bac + 5 straight après la fin du lycée. Le premier écueil a été celui de l’orientation post-Bac. A l’époque, sans vraiment beaucoup d’informations sur les débouchés potentiels, ni vraiment de passions réelles, j’ai choisi d’intégrer la fac de médecine d’Abidjan. Entre autres choses, je rêvais de faire partie un jour de Médecins sans Frontières. Toutefois, au bout de 3 mois au Tronc Commun, j’ai réalisé que la médecine n’était pas vraiment faite pour moi. »
Patricia a donc dû réfléchir à une nouvelle orientation, et après avoir analysé le pour et le contre, elle s’est retrouvée en fac de Sciences Économiques, sans avoir aucune idée de ce que elle allait y étudier, mais seulement avec la certitude que elle allait pouvoir s’en sortir.
« Dès le premier cours de micro-économie sur la théorie du Consommateur, j’ai réalisé que ce parcours, que j’avais finalement choisi parce qu’il était le seul qui m’était méconnu, allait en réalité être plus passionnant que ce que j’envisageais. Après deux années de cours, j’ai choisi de continuer en Licence d’Économie, plutôt que celle de Gestion, parce que j’avais développé un grand intérêt pour les théories économiques. »
Après la maîtrise, Patricia a eu la chance de pouvoir intégrer le Centre d’Études et de Recherches sur le Développement International (CERDI) à Clermont-Ferrand (France). Ce centre d’études est spécialisé sur l’économie du développement; il lui est apparu comme l’endroit idéal pour compléter sa formation sur un domaine qui pourrait servir au développement de son pays.
Partie pour une période de 2 à 3 ans (maîtrise et DEA/DESS), Patricia passe finalement 5 années en France, pendant lesquelles elle valide ses diplômes, réalise deux stages pratiques avec une institution de développement (AFD), démarré et arrêté une thèse de doctorat, avant de finalement se décider à rentrer dans le monde du travail.
« Mes plans, à mon départ pour la France, étaient de rentrer au pays et d’intégrer un ministère ou une agence de développement nationale. Toutefois une autre opportunité s’est offerte à moi. C’est ainsi que je me suis retrouvée, un après-midi de septembre 2003, à passer des entretiens à Dakar pour intégrer la BCEAO. Cette institution n’avait jamais été sur mon radar, mais après avoir eu la chance de rencontrer certains des responsables lors d’une cérémonie à Clermont (remise d’un Doctorat Honoris Causa au Président Wade), j’ai envoyé mon CV dès que j’ai su que la Banque était sur le point d’organiser un recrutement massif. »
Depuis son entrée à la BCEAO, elle a successivement été macro-économiste au Service de la Recherche, puis au Service de la Balance des Paiements (Direction de la Recherche et de la Statistique), économiste à la Salle des Marchés, puis au Service du Marché Monétaire (Direction des Opérations de Marché) dont elle a assuré la charge de Chef de Service pendant 4 ans. Depuis janvier 2018, elle est passée Contrôleur des Opérations. Ses attributions consistent principalement à assurer que les Services réalisent leurs activités dans le respect des règles et procédures, de manière à réduire les risques opérationnels.
Quand on lui demande quels conseils elle pourrait donner aux plus jeunes, Patricia est plein d’entrain. Il faut dire que son riche parcours lui a beaucoup appris.
A toutes celles qui se posent des questions sur leur orientation future, prenez donc en compte ces mots pleins de sagesse
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- Il ne faut surtout pas penser qu’il est fondamental de trouver sa passion ou ce que l’on veut devenir dès le premier jour après le bac. La vie est faite d’essais et d’erreurs, et un échec, ou même deux, ne déterminent pas le futur. Votre caractère, et surtout votre capacité d’adaptation, sont ce qui vont faire de vous les adultes que vous allez être;
- L’argent ou le succès professionnel sont importants, mais ce ne sont pas les seules choses qui vous définissent. Prenez le temps de vivre, d’expérimenter, de vous ennuyer, de vous amuser, de trouver quelque chose en dehors du boulot ou des études qui vous apportera du plaisir et du bonheur. Ce peut être une activité sportive, artistique, intellectuelle, ou autre. La vie est tellement fascinante, il serait dommage de se limiter à une seule chose;
- Il est important de continuer à se former, parce que les compétences acquises au cours des études sont certes l’outil qui vont vous permettre de trouver un travail à la hauteur de vos capacités, mais l’expérience professionnelle et la formation continue sont ce qui vont vous amener d’un poste de Junior à des postes de responsabilité tout le long de votre carrière;
- Il est essentiel de s’entourer de gens (amis ou famille) qui vont vous soutenir et vous amener à donner le meilleur de vous-mêmes;
- Enfin, une dernière chose qui est d’une importance absolue : le succès arrive par le travail, mais il y aura toujours un tout petit élément de chance qui fera basculer les choses en votre faveur ou non. Ceci est un encouragement à continuer à faire de son mieux, même si le résultat n’est pas toujours celui qu’on espérait. Cela ne veut pas dire que vous n’êtes pas performant ou que vous êtes nuls, ça veut simplement dire que ce chemin n’était juste pas le vôtre et qu’il faut tenter autre chose.