La rubrique Focus sur une Alysma permet d’avoir des nouvelles des anciennes du Lycée Sainte Marie.
Aujourd’hui, Mary Nguetta, Alysma 1999
Source: Biloa Magazine
Interview-portrait de Mary Nguetta, fondatrice de Pagnifik, site Web de référence en matière de mode africaine, et également organisatrice des événements Wax is a Wonderful World.
Biloa Magazine : Pouvez-vous vous présenter ainsi que les personnes qui travaillent avec vous sur Pagnifik ?
Mary Nguetta : Je suis ivoirienne vivant en France depuis une dizaine d’années maintenant. Pagnifik a été créé par moi même Mary Nguetta.
Je me fais aider ponctuellement sur des projets ou activités mais je réalise entièrement la rédaction des articles et la gestion du site. Parmi les personnes qui m’aident, il y a mon frère, notamment sur la logistique et les photos pour les événements, un ami pour tout l’aspect graphisme et identité visuelle. Je suis aussi aidée ponctuellement par des amies que je connais pour certaines depuis l’époque du lycée à Abidjan.
Comment vous est venue l’idée de créer la plateforme Pagnifik ? J’ai créé Pagnifik suite à une discussion avec le cercle d’amies dont je parlais plus haut. La discussion portait sur les créateurs qui proposaient des vêtements prêt-à-porter en pagne. J’ai réalisé qu’il y avait beaucoup de marques sur ce créneau mais qu’elles étaient peu mises en lumière.
L’objectif visé avec Pagnifik était donc de faire connaître ces créateurs en offrant une plateforme qui les présenteraient eux et leurs magnifiques créations. J’ai pris contact avec différentes marques et créateurs afin qu’ils m’accordent des interviews pour le site. C’est ainsi que l’aventure Pagnifik a démarré en avril 2012.
Au fil du temps, l’intérêt croissant manifesté aussi bien du côté des marques qui appréciaient que leur travail soit présenté, que des personnes qui visitaient le site et découvraient la richesse de l’offre disponible m’a encouragé à continuer.
Toujours avec cette motivation: partager le maximum d’informations pertinentes et intéressantes. Les articles d’analyse que j’ai pu rédigés l’ont été pour cette raison. Avec des thèmes comme « le plagiat des créations sur le net », « l’intérêt des marques mainstream occidentales pour les imprimés africains », « la différenciation des marques afro », « le marché du pagne à Abidjan »…
Est-ce une initiative personnelle, associative ou entrepreneuriale ? Pagnifik est une initiative personnelle. Ce qui n’est pas incompatible avec le fait d’avoir une identité juridique. J’ai déposé dès la création le nom Pagnifik et en 2014 quand il a été question d’organiser des activités qui nécessitaient des mouvements financiers (événements, publicité sur le site,…), j’ai constitué Pagnifik en entreprise. Cependant, ce n’est pas mon activité principale. Je consacre du temps à Pagnifik sur mon temps libre.
Combien de marques avez-vous répertorié à ce jour ? Le répertoire Pagnifik référence aujourd’hui plus de 200 marques. Le plus grand nombre que j’ai répertorié se trouve en France; normal car c’est là que je vis. Mais on retrouve des créateurs et marques des 4 coins du monde: Angleterre, au Ghana, Côte d’Ivoire, Canada…
Il y a surtout des marques de vêtements féminins et d’accessoires de mode, mais également des marques de vêtements hommes, des marques de décoration et design d’intérieur ainsi que des marques pie enfants.
Si une marque souhaite être répertoriée sur votre site comment doit-elle procéder ? Quels sont vos critères de sélection ? Une marque qui souhaite être répertoriée doit adresser par mail son dossier de presse ou la présentation de sa marque ainsi que des photos de son travail.
Je souhaite avant tout mettre en avant des marques qui en sont vraiment, c’est-à-dire qui ont une vraie identité, des valeurs et travaillent avec une approche professionnelle. Quand c’est le cas, on le ressent dans la manière dont ces marques peuvent parler d’elles.
Vous organisez le 5 décembre prochain à Paris l’événement Wax a Wonderful World*. Quels sont vos objectifs à travers cet événement? L’objectif de Wax a Wonderful World est de permettre une rencontre entre les marques et leur public et plus largement tous les amoureux de la mode et de culture africaine.
Au programme pour cette édition, du shopping avec les stands de marques ainsi que des animations Mode.
La grande nouveauté par rapport aux précédentes éditions, c’est l’introduction d’un volet culturel. Ce volet est confié à Agathe de Blacknote qui a une fibre pour tout ce qui est culture en particulier afro. Je l’ai connue via Twitter et j’ai apprécié qu’elle mette en avant tous les événements culturels afro en France et les initiatives qui s’y rattachent.
Tout ce que je peux dire, c’est qu’elle nous réserve de belles surprises ! Certaines sont déjà annoncées sur le site; d’autres seront à découvrir sur place.
L’un des temps forts de cette édition sera la table ronde sur la relation « Marques-clients ». Pouvez-vous nous en parler ? Oui la table-ronde fait partie de la séquence Talk Time. L’idée est de permettre un échange fructueux entre les marques et le public.
Jusque là, les problématiques que je vois aborder tournent autour de la créativité des marques, l’évolution de la mode africaine, la structuration du secteur, la rentabilité…
De ma petite fenêtre, j’estime que les marques ont beaucoup à dire à leurs clients et vice verse. Lorsque j’initie des débats sur la page Facebook de Pagnifik par exemple, j’entends en effet beaucoup de critiques sur les marques. Certaines méritent de s’y pencher et j’espère que lors de cette table-ronde, les uns et les autres pourront s’exprimer et poser des questions.
L’angle choisi n’est pas évident, mais je pense qu’il y a des choses à (se) dire.
Enfin, comment voyez-vous évoluer la mode afro à moyen et long terme ? Je pense que la mode afro est sur de bons rails et va continuer de grandir. Aussi bien sur le continent qu’en Europe ou aux États-Unis, des acteurs travaillent dans le sens de la structurer.
Je pense au cluster mode de la fondation Africa France qui s’apprêtent à lancer des actions dans le sens de la formation, de la visibilité et de la recherche d’investissement pour soutenir la mode africaine.
Il y a aussi ITC Ethical Fashion qui accompagnent les créateurs émergents et prometteurs pour leur donner de la visibilité sur les grandes Fashion weeks européennes.
Pour ce qui est des créateurs haut de gamme, il est certain qu’ils continueront à avoir de plus en plus de visibilité grâce à des soutiens de ce type.
A côté, j’entrevois le développement de marques qu’on pourra ranger dans la catégorie mainstream. Elles valorisent déjà très bien l’esthétique vestimentaire africaine et on ne peut que souhaiter qu’elles aillent encore plus loin. Je pense par exemple à Nanawax qui est très bien partie et a des boutiques dans plusieurs capitales africaines.
Merci pour vos réponses, souhaitez-vous faire un dernier commentaire ? C’est moi qui vous remercie ! Je suis ravie de cette opportunité de pouvoir présenter Pagnifik sur un média de qualité tel que Biloa Magazine, qui s’intéresse à la créativité et aux initiatives afro.
Site web : www.pagnifik.com
Réseaux sociaux : www.facebook.com/Pagnifik | www.pinterest.com/Pagnifik | Twitter @Pagnifik
Source: Biloa Magazine