Focus sur une Alysma nous permet d’avoir des nouvelles des anciennes après leur passage au lycée. Ainsi, nous pouvons découvrir leurs parcours et leurs occupations actuelles pour nous en inspirer.
Aujourd’hui, Annick Nago-Adjei, Alysma 2003.
Consultante en ingénierie pétrolière, spécialisée en Géomécanique, Annick est une excellente scientifique au parcours semé de succès et de travail acharné, le tout auréolé de grâce de Dieu.
Vibrante image du lycée et fierté de l’esprit Sainte Marie, son parcours invite et encourage les jeunes sœurs à se lancer dans la filière des mines et du pétrole. Découvrons ensemble cette jeune femme d’influence, brillante ingénieure, épouse pieuse et récemment maman d’une jolie princesse.
1) Bonjour Annick, de quelle promo es-tu et quel a été ton parcours depuis le Lysma?
Bonjour,
Je voudrais tout d’abord dire merci à NotreLysma pour cette opportunité donnée aux anciennes de s’exprimer sur le site et de pouvoir contribuer à notre manière au développement de notre pays et de notre continent à travers l’éducation et l’élévation des jeunes filles dans des établissements aussi prestigieux que le lycée Sainte-Marie d’Abidjan.
Je suis “techniquement” de la promotion 2003. J’emploie le mot techniquement, parce que j’ai quitté le lycée après la classe de seconde C pour continuer mes études en France. J’y ai obtenu mon baccalauréat scientifique en 2003 et j’ai eu l’immense grâce d’être admise au Lycée Sainte-Geneviève de Versailles, communément connu sous le nom de Ginette. C’est l’une des trois meilleures classes préparatoires de la France. Après Ginette, j’ai été admise dans le groupe des écoles Centrale. J’avais le choix à l’époque entre Centrale Lille et Centrale Nantes, et j’ai finalement choisi Centrale Nantes. Puis, j’ai été sélectionnée pour un double diplôme avec Penn State University aux États-Unis. Cela m’a permis d’obtenir en 2009, mon diplôme d’Ingénieur de l’École Centrale de Nantes, ainsi qu’un M. Sc. en Ingénierie Pétrolière.
Trois ans plus tard, en 2012, j’ai soutenu avec succès ma thèse de doctorat, me permettant d’obtenir un Phd. en Ingénierie Pétrolière.
Au cours de mon cursus, j’ai été également lauréate de plusieurs prix d’excellence à Sainte Marie, du prix Miss Mathématiques niveaux 3ème (lors de la toute première édition en 2000), du prix d’excellence de la fondation Benianh International (en 2008) et du prix SPE (Society of Petroleum Engineers) STAR Fellowship (Africain Region) en 2010.
Aujourd’hui, je suis consultante en Ingénierie Pétrolière (spécialisée en géomécanique) pour la société Baker Hughes, à Houston.
Je suis également très engagée dans le monde chrétien évangélique ivoirien et international au côté de mon mari, le prophète Emmanuel Adjei (fondateur d’EA Outreach Ministries, de l’église Prayer Palace et initiateur des conférences annuelles JERICHO, qui se sont récemment déroulées à Accra, Ghana et en Afrique du Sud), et Dieu nous a fait la grâce d’être parents d’une petite fille.
2) Tu as quitté le lycée et la Côte d’ivoire très jeune. Pourquoi avoir choisi ces études scientifiques ?
Toute jeune, j’ai eu la grâce d’être plus ou moins à l’aise dans les domaines littéraires et scientifiques. Cependant, l’orientation scientifique s’est faite depuis le lycée Sainte-Marie et par préférence également. Mon père était Ingénieur Génie Rural de profession, il a réussi à faire naitre en moi une affinité pour les sciences. J’avoue qu’à un moment, j’ai hésité entre le monde des finances et l’ingénierie. Le choix final s’est opté pour l’ingénierie pétrolière lorsque j’ai découvert la filière ingénierie réserves “réservoir engineering” qui est sous la coupelle de l’ingénierie pétrolière. C’est une filière qui demande à la fois une excellente maitrise des sciences (physique, chimie, mathématiques, géologie, mécanique des fluides), mais également une bonne compréhension de ce qu’on appelle l’économie du pétrole. Ce sont les ingénieurs réservoirs qui déterminent la valeur monétaire d’un champ pétrolier.
3) Te plais tu dans ton travail ? En quoi consiste t-il ?
Même si comme je l’indiquais plus haut, j’ai appris l’ingénierie reserves “réservoir engineering” à Penn State, mes responsabilités actuelles sont complètement différentes. En tant que consultante en géomécanique, l’une de mes taches primordiales est de faire des études de faisabilité pour différents clients leur permettant d’optimiser les coûts des opérations de forage. Nos études (1D et 3 D) sont utilisées pour identifier les problèmes liés au forage (instabilité du puits, prédiction de la pression en profondeur, réactivation des failles géologiques, effondrement du puits, forage près de dômes de sels). Nous donnons des recommandations pour mitiger ou éviter ces problèmes afin de réduire le temps non-productif et le coût du forage.
Ce que j’apprécie dans ma fonction actuelle est la possibilité de travailler avec des experts de plusieurs disciplines pour trouver ensemble des solutions adéquates aux problèmes de nos clients. La géomécanique est très proche de la filière “drilling engineering”. Cette fonction m’a également permis, d’ajouter d’autres cordes à mon arc.
4) Quelles difficultés rencontres-tu au quotidien ? Et si c’était à refaire ?
L’une des difficultés majeures est, je pense, inhérente à la filière pétrolière. C’est une filière très masculine. Souvent, cela peut intimider. Je suis souvent la seule “africaine” dans un monde très international et majoritairement “Caucasien” et très souvent « la seule femme ». C’est encore plus difficile lorsqu’on vient d’une culture où même encore aujourd’hui malgré quelques progrès, on considère que la femme a une place très précise dans la société et doit la respecter pour son bon fonctionnement.
Il est donc très important d’apprendre à respecter les connaissances, aptitudes et cultures de tout un chacun, tout en restant très confiant de ses propres compétences. Si Dieu nous a permis, d’être là où l’on est aujourd’hui, c’est parce que nous avons tous une touche personnelle à apporter. Ça été un réel challenge pour moi au début, mais j’ai appris avec le temps à apprécier ma différence, à valoriser mon style de travail et à faire en sorte que ma voix compte, sans pour autant diminuer l’autre.
La deuxième difficulté majeure a été d’allier mon rôle de mère et d’épouse à mes exigences professionnelles. Être Ingénieur est une fonction très dynamique! Même si on a quitté les bancs depuis presque 5-6 ans, certains projets exigent d’innover sur le plan scientifique. Cela signifie, ouvrir de nouveau les livres de maths et de physique, formuler des problèmes en utilisant des équations et théorèmes fondamentaux tout comme à l’école, créer des modèles de simulations numériques, etc. On obtient les connaissances de base à l’école, mais très souvent, il faut encore et toujours étudier pour rester au top des nouvelles techniques et souvent même, être le précursseur de ces nouvelles techniques. Faire cela, avec un bébé et un mari, tout en essayant de garder une vie religieuse et sociale et d’apporter sa pierre d’édifice à la société, peut souvent relever de l’impossible. Mon secret jusque-là a été ma relation personnelle avec Jésus-Christ qui m’a aidé à rendre tous ces fardeaux moins lourds et à affronter les défis au jour le jour.
Si c’était à refaire, je ne changerais rien, je pense que Dieu ordonne nos pas et que chaque expérience est essentielle à notre enrichissement, à notre épanouissement et au plan final que Jésus a lui-même établi pour nous.
5) Des conseils aux alysma et élèves actuelles ?
Mettez Dieu en avant de tout. La Bible déclare “cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus”. C’est le premier secret de la réussite.
Ensuite, il n’y a aucun rêve qui ne soit trop grand pour être poursuivi. Ne laissez jamais personne vous imposer des limites!
Apprenez à découvrir et à cultiver votre différence. C’est ce qui vous fera sortir du lot. Ne soyez pas forcément avocates, politiciennes, diplômées de l’ENA, économistes, médecins, ou même ingénieurs, parce qu’on nous dit tout le temps, ce sont les seules fonctions qui ont de la valeur en Afrique.
Découvrez votre passion et poursuivez là. Il n’y a rien de plus satisfaisant que de pouvoir exercer le métier qu’on aime. Quelques que soient les difficultés, on arrive toujours à les surmonter quand la passion nous motive! Tout en faisant cela, faites bien sûr en sorte d’assurer vos bases intellectuelles. Ce n’est pas parce qu’on est passionné de mode, d’art, de musique, de journalisme, ou de sport qu’il ne faut pas savoir s’exprimer correctement dans plusieurs langues et avoir des notions de bases en mathématiques. Il faudra pouvoir quand même savoir lire et interpréter un bilan financier hein…(rires)!
Bonne chance à toutes nos petites sœurs qui sont encore dans l’aventure du Lycée Sainte-Marie et bonne chances à toutes les Alysma!
Dieu vous bénisse!
Comments 1
Bravo pour ce beau parcours. Vous avez une belle personnalité !